La nouvelle croix de cimetière du QUILLIO

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Jeudi 24 janvier 2019
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  • Créer une « œuvre d’art » dans un enclos paroissial, classé MH est une véritable mission qui nous emmène dans un parcours où "l’inattendu" et "l’admiration" doivent surgir.

1- Tout d’abord il faut se laisser pénétrer par le "lieu" et c’est lui qui parle le premier. Nous ne sommes que les héritiers d’un patrimoine architectural préexistant. Dans le cimetière du Quillio, il y a un constat, depuis 70 ans, un socle, vieux de 250 ans, attendait « de porter » à nouveau l’œuvre d’art religieux qui lui revient. La décision est prise par l’Association du patrimoine, il fallait créer une nouvelle croix.

2- Nous avons effectué un "appel" à artistes sculpteurs : 8 ont répondu, seulement 4 sont venus voir les lieux, et nous avons regardé :

  • Au milieu d’un cimetière,
  • D’un côté, adossé à une église MH avec une partie très ancienne (15e s)
  • De l’autre côté, un paysage grandiose donnant sur les collines du Cosquer et de Bel-orient,
  • Nous sommes au 21e siècle, au 3e millénaire de la chrétienté. Il est nécessaire d’être de son temps,
  • À une époque où la pratique liturgique de la foi tend à diminuer,
  • Mais où l’art, lui, ne disparaitra pas, et sera toujours admiré.

3- Nous avons reçu les projets des candidats. Immédiatement, il y a eu un projet qui nous a interrogés, qui nous a séduits : c’est celui de David PUECH (artiste sculpteur). A commencé un long travail de dialogue qui a duré un an. Il a fallu s’abstenir de donner des ordres, mais seulement poser des questions et surtout écouter l’artiste… Que serait un cimetière sans espérance ? Que serait en effet notre société sans artiste ?

4- Nous avons dit toutes nos vives félicitations à David pour son intuition artistique. On ne peut que penser à ce que disait Jean-Paul II, dans sa lettre aux artistes du 4 décembre 1999. « En effet, chaque intuition artistique authentique va au-delà de ce que perçoivent les sens… L’artiste a ce don d’avoir ces moments de perfection fulgurante de la beauté perçue dans la ferveur du moment créateur… »

5- David mérite d’autant plus notre gratitude, nous avons vu l’artiste au travail comme quelqu’un qui est à la peine, quelqu’un en labeur pour que la perfection qui existe au plus profond de son désir puisse se manifester dans le matériau, ce granit breton, par la forme et les nuances. À la fin de son travail je lui ai dit ; « il était prévu de styliser le Christ à la feuille d’or ? » Il répond calmement : « Non ! Elle est belle comme cela dans sa nudité, ce n’est pas un Christ mort, c’est un Christ vivant qui nous ouvre les bras, je vais simplement, avec mon burin, faire apparaître des cercles au centre de la croix pour montrer son rayonnement ».

6- Maintenant, David soumet son œuvre à nos regards… sans nous obliger à regarder. Mais « sans notre regard, la beauté est en pure perte » dit l’académicien Cheng. Si vous regardez bien : cette croix restera « mémoire » en vous. En regardant cette croix, on comprendra que le Christ, même par l’horreur de la mort sur une croix, est infiniment beau, il nous a suscité à son image, capable de beauté à notre tour. On peut terminer en reprenant les paroles de Dostoïevski …« la beauté sauvera le monde ».

7- L’artiste a pu exprimer sa vision de l’œuvre : C’est une œuvre en mouvement, toute en courbe, elle est articulée, elle accueille dans ses bras d’une façon bienveillante et penche la tête vers celui qui la regarde, elle nous interpelle. Elle rassemble autour d’elle, vivants et défunts dans une même espérance. Francis Le Pottier

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